Je cherche des documents relatifs au groupe nommé "Les Amis de la nature". Si vous avez des informations complémentaires à celle-ci, n'hésitez pas à communiquer avec moi (durand.marc#uqam.ca) ou encore en laissant un commentaire au bas de ces pages.
Hélène Denis (fille de J-P. Denis) m'a donné des informations très pertinentes dans un courriel que je place ci-dessous:
«Les amis de la nature» est un groupe d’adultes qui s’intéressaient, comme le nom l’indique, à la nature. Il s’est développé à partir des Cercles de Jeunes Naturalistes dont mon père, Jean-Paul Denis, a été proche. On a parlé au début d’un Cercle de Naturalistes Adultes, puis des Amis de la nature. Ces «Amis»… ont été fondés en 1945 (!) et le premier président est J-Edgar Guimond. Le 2e président a été mon père. Je n’ai pas l’année où il a été nommé, mais il l’était en 1949 où M.Guimond siège comme président ex-officio. Outre mon père, on mentionne Roméo Richard, comme VP, Roland Marion, trésorier, Florian Crête, directeur, Gérard Laurin, bibliothécaire, ainsi que des conseillers, Lucien Auger, Jean Naubert, Gaston Lespérance. Il y a aussi des membres honoraires, le Dr Georges Préfontaine, biologiste, le Dr Jacques Rousseau, directeur du Jardinbotanique, Serge Lefebvre, ichtyologiste, Claude Mélançon, naturaliste et auteur, et le Frère Adrien, CSV, ex-directeur général des CJN.
Le groupe s’intéresse aux thèmes suivants, mentionnés, plus une catégorie dite «générale» (?) :
• animaux
• aquiculture
• astronomie
• biologie
• botanique
• géologie
• insectes
• météo
• musée
• oiseaux
• optique
• papillons
• photo
• poissons
• reptiles
• spéléologie
La première publication «Les amis de la nature» parle de L’exploration au nord de l’Outaouais : mémoires d’une exploration au pays de Grenville dans les régions de Buckingham et de la caverne Laflèche. Ce premier numéro est «dédié respectueusement à Jacques Rousseau, ex-président de la Société canadienne d’Histoire naturelle et promoteur des cercles de Naturalistes Amateurs de la Province de Québec». Je me souviens aussi d’une visite, en 1947, chez nous, de M. Laflèche, propriétaire (je crois) de la caverne Laflèche. Comme j’avais 4 ans, ce monsieur très obèse, qui souffrait du cœur, ne pouvait dormir que dans un fauteuil, ce qui m’a beaucoup impressionnée. J’ai aussi un vague souvenir de mon père nous emmenant à cette caverne en famille l’année suivante parce que j’avais eu peur du noir dès l’entrée. D’où la fin de toute possible carrière de spéléologue pour moi.
Plus récemment j'ai trouvé un texte qui parle de la personne qui a réellement été le fondateur des Amis de la Nature en 1945: Joseph-Edgar Guimont. Le texte ci-dessous est tiré du Bulletin de la RASC, 1953 Vol 47, No.5, pp 203 à 206. RASC pour Royal Astronomical Society of Canada
Le 16 avril dernier, la Société canadienne d'Histoire naturelle clôturait une Exposition et un Congrès Internationaux de naturalistes au gymnase du Mont-Saint-Louis de Montréal. Au-delà de 75,000 visiteurs ont défilé devant les nombreux kiosques tandis que plus de 300 personnes suivaient les sessions du congrès. Dans toute son histoire, la S.C.H.N. vient de vivre les heures les plus glorieuses de sa vie. Pour tous les naturalistes, jeunes et moins jeunes, ces grandioses manifestations étaient le fruit du grain de sénevé mis en terre par le regretté frère Marie-Victorin, f.é.c., fondateur de cette société vingt-neuf ans auparavant.
Pour couronner ce congrès qui groupait les éducateurs à tous les degrés de l'enseignement ainsi que ceux qui se consacrent à l'éducation populaire, de salutaires résolutions étaient présentées par le président du comité nommé à cette fin. Et comme si le responsable de tout ce déploiement avait, de l'au-delà, voulu manifester sa joie, monsieur Jacques Rousseau, directeur du Jardin Botanique, annonçait ensuite la création d'une nouvelle décoration par la "Fondation Marie-Victorin", en plus de celle déjà existante pour les scientistes, cette fois pour honorer le naturaliste qui s'est distingué par ses travaux et son dévouement dans le domaine de la vulgarisa- tion scientifique. En l’occurence, les deux premiers récipiendaires de cette nouvelle médaille furent Soeur Marie-Jean-Eudes, s.s.a., et monsieur J.-Edgar Guimont. En gage d'hommage respectueux, nous nous permettons de brosser très succinctement la biographie de notre ami M. J.-E. Guimont, nouveau récipiendaire, qui s'est toujours dépensé sans restriction pour populariser les sciences naturelles, spécialement l'astronomie et la géologie.
Origines
Monsieur Joseph-Edgar Guimont naquit le 17 mai 1892 à Cap St- Ignace dans le comté de Montmagny. De 1905 à 1910, notre récipiendaire fréquente le collège Sacré-Coeur de Longueuil (vieux collège). Là, il subit l'influence des frères Marie-Victorin et Rolland-Germain, f.é.c., qui plus tard feront rejaillir la renommée sur notre pays. Il est confrère de collège de Son Honneur M. Camilien Houde, aujourd'hui maire de Montréal. Il est aussi membre du cercle Lasalle de Longueuil (A.C.J.C.). Incontestablement, le frère Marie-Victorin découvre chez ce collégien une disposition marquée pour l'étude scientifique qu'il encouragera en dépit le l'incompréhension des parents de celui-ci. Durant son séjour à Longueuil, M. J.-E. Guimont trouve en la personne du frère Marie-Victorin un confident à qui révéler ses aspirations et ses ambitions dans la vie. Mieux que personne, il l'encourage en l'amenant herboriser avec lui. Dans ses excursions avec le frère, le fil de la conversation court sur les sujets les plus variés, mais toujours élevés. Pour répondre à son enthousiasme pour la science, le frère Marie-Victorin permet au jeune Guimont de l'accompagner souvent au laboratoire.
Naissance de l'astronomie
Le passage de la comète Halley en 1910 impressionne grandement notre adolescent de 18 ans sur l'immensité de l'univers et marque d'une façon décisive sa vocation pour l'astronomie. A partir de ce moment, tous ses loisirs seront consacrés à scruter le ciel pour lui dérober ses secrets. Davantage il maitrise l'astronomie, davantage il cherche. Plus tard, toutes ses activités seront dirigées vers la vulgarisation de l'astronomie dans le grand public.
Ses activités
Dès le 31 mai 1915, il devient membre titulaire de la Société Astronomique de France et durant la même année il publie de nombreux articles dans la revue de la Société de Géographie de Québec. A la même époque, il commence une correspondance assidue avec Camille Flammarion qui se prolongera jusqu’en 1925, année de sa mort.
Le 12 décembre 1918, il devient membre du Royal Astronomical Society of Canada, centre anglais de Montréal. Coincidence providentielle, Mgr. C. P. Choquette de St-Hyacinthe, pionnier de l'astronomie populaire dans notre pays, lui sert de parrain pour la circonstance.
En reconnaissance de son magnifique travail et des observations qu'il lui transmet, la Société Astronomique de France le nomme membre perpétuel le 20 juin 1921.
Avec l'aide de quatre dévoués collègues, il fonde l'Institut Astronomique et Philosophique du Canada le 7 janvier 1926. Cette société, qui manifeste une belle vigueur, poursuit ses activités durant sept années consécutives.
En 1927, il alimente une chronique hebdomadaire sur l’astronomie dans le journal "Le Nord". Convaincu que trop peu des nôtres s'intéressent à cette science, il tente d'éveiller par tous les moyens la curiosité puis l'interêt des siens pour l'astronomie.
Gràce à ses conseils et à son enthousiasme, il assiste M. Paul H. Nad- eau, L. Sc., à fonder le Royal Astronomical Society of Canada, centre français de Québec, le 18 avril 1941.
De 1940 à 1945, il collabore largement aux "Propos Astronomiques" de M. De Lisle Garneau dans le journal "le Devoir". Occasionnellement, nombreux sont ses articles qui paraissent dans les publications ou journaux suivants: le bulletin "The Journal", organe du R.A.S.C.; le journal "L'Action Catholique" de Québec; les journaux "La Presse" et "La Patrie" de Montréal.
Le 7 décembre 1941, se fonde l'observatoire Ville-Marie à Montréal. Toujours avec le même dynamisme, il en est le co-fondateur avec M. De Lisle Barneau. Il s'ensuit une collaboration étroite pendant les cinq années qui suivent.
Cherchant toujours un terrain pour déverser le trop-plein de son activité débordante, il fonde avec deux collègues, le 8 janvier 1945, le cercle de naturalistes adultes "Les Amis de la Nature". Par la suite, cercle devient le plus actif parmi les cercles de naturalistes adultes. Sous les auspices de ce cercle, il organise, le 16 juillet 1945, la première soirée astronomique publique chez les canadiens-français de Montréal. Soirée réussie à tous ponts de vue qui attire plus de 3,000 personnes sur les terrains de l'Institution des Sourds-Muets.
Après la formation du centre français de Québec et l'existence du centre anglais de Montréal, il veut doter Montréal de son centre français. Toujours animé par le feu sacré de l'astronomie, il remédie à cet état de chose en dotant Montréal de son centre français, le 7 mai 1947, avec l'aide de quelques collaborateurs.
A la demande de la Commission Scolaire et du Conseil de Ville Lasalle, il organise la même année avec l'aide de quelques membres du centre français de Montréal du R.A.S.C., une soirée astronomique publique qui remporte un succès. Toujours à l'affût d'une idée nouvelle pour inciter les nôtres à s'intéresser aux sciences naturelles, il organise, le 11 février 1950, le premier congrès des géologues amateurs de la région de Montréal. Le 25 mai de la même année il organise une soirée astronomique publique au jardin Botanique de Montréal pour couronner les cours d'astronomie du frère Robert, f.é.c.
Ses observations
Depuis 1910, il s'est plu à observer les aurores boréales, les étoiles filantes, les éclipses de soleil et de lune ainsi que les taches solaires. Les principales planètes qui ont fait l'objet de ses observations sont: Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Son instrument de travail est une lunette Lancaster de 3X. Toujours conscient de l'utilité du travail de l'amateur pour la science, il a toujours transmis ses observations à la Société Astronomique de France, au Royal Astronomical Society of Canada à Toronto et à l'Université Harvard à Cambridge, E.U.
Sa bibliothèque
Jusqu'en 1940, M. J.-E. Guimont avait réussi à se monter une bibliotheque personnelle d'au-delà de 3,000 volumes sans compter les publications, les journaux, les pamphlets, etc. À ce moment, elle comptait des volumes dans presque toutes les sphères du savoir pour assouvir cette soif de connaître qui l'a toujours caractérisé.
En plus il a compilé toutes ses observations, faites de 1910 à date, accompagnées de croquis ou de dessins lesquelles marchent simultanément avec ses mémoires qu'il a réussi à écrire malgré une vie remplie au possible. Il conserve aussi jalousement toute sa correspondance scientifique depuis 1910 qu'il relie toujours avec un plaisir renouvelé.
A partir de 1916 jusqu'à nos jours, toutes ses expéditions scientifiques, ses reconnaissances géologiques et ses voyages sont écrits sous forme de récits de voyage et restent une preuve tangible de son activité fébrile. Pour occuper le peu de répit que pouvaient lui laisser ses activités si nombreuses et si variées, il s'est constitué une encyclopédie universelle comprenant au-delà de 30,000 articles pris dans les journaux, les revues et classées de A à Z. Simultanément, il a aussi monté une encyclopédie astronomique comprenant plus de 500 chemises aussi classées de A à Z.
Ses adhésions
Monsieur J.-E. Guimont est membre perpétuel de la Société Astronomique de France; membre des centres français et anglais du Royal Astronomical Society of Canada de Montréal; membre de la Société de Géographie de Montréal; membre à vie de la Société Canadienne d'Histoire Naturelle; membre-fondateur de "Les Amis de la Nature", C. N. A.
Après l'évocation d'une vie si pleine d'activités, ne serait-il pas à propos que chacun de nous jette un regard rétrospectif sur sa contribution personnelle au mouvement scientifique au Canada français. Un très grand nombre des nôtres ont deploré et déplorent encore le si petit nombre de vocations scientifiques chez les canadiens-français. Continuellement, Monsieur J.-E. Guimont s'est fait un devoir d'éveiller les nôtres devant cette situation en multipliant les mouvements, spécialement en astronomie et en géologie. Nombre de fois ne s'est-il pas élevé contre l'apathie des nôtres devant l'expansion de notre province surtout dans le domaine minier. Devons-nous encore laisser les étrangers prendre les postes de commande dans ce développement? Quand verrons-nous nos jeunes s'intéresser davantage à nos richesses naturelles pour s'en faire une carrière?
Toujours sur la brèche, notre récipiendaire ne s'est jamais départi de la mission qu'il s'est donnée de faire connaître et aimer notre nature canadienne si belle et si riche qu'elle fait l'envie des étrangers. Par ses articles et ses causeries, il s'est toujours évertué à faire naître chez ses compatriotes le désir de connaître.
En appréciation de son magnifique travail de vulgarisation scientifique, la Fondation Marie-Victorin l'honore d'une de ses décorations. Nous nous joignons à tous les naturalistes pour y ajouter nos plus sincères félicitations.
•Reprinted from Sciences et Aventures, July-August 1952.
†Directeur des Cercles de Naturalistes Adultes.