lundi 1 novembre 2021

La télévision, l'électronique et le transistor


Mon père Jacques Durand s'est aussi intéressé aux premiers balbutiement de l'électronique. Son frère cadet Guy Durand était technicien en radio-télévision.  Avec son aide et grâce aux pièces d'équipement qu'il a pu lui fournir, mon père a construit chez nous un téléviseur dans les années cinquante. Très peu de foyers à Cité-Jardin pouvaient se payer le luxe d'acheter un téléviseur. Le premier téléviseur que j'ai vu trônait dans le salon de notre voisin immédiat.

La télé de Radio-Canada était le seul poste accessible au début(1952), à l'exception de quelques canaux en anglais que certains pouvaient capter avec beaucoup de brouillage quand ils se munissaient d'une très impressionnante antenne sur leur toit; ils pouvaient ainsi capter les poste de Burlington et de Plattsburgh. C'est chez nos voisins les Lavoie qu'on a d'abord eu le privilège d'aller visionner le samedi à 17h une ou deux émissions pour enfant; je me souviens de Pépinot et Capucine, ainsi que de Tic Tac Toc. Cette émission réalisée par Jean-Paul Ladouceur montrait deux équipes d'enfants Les Blancs et les Noirs qui s'affrontaient dans une série de jeu et d'activités de bricolages animés par monsieur Toc (André Cailloux); il y avait aussi Madeleine Arbour. Vers la fin de l'émission on invitait les jeunes téléspectateurs à envoyer un dessin sur un thème imposé; les dessins gagnants permettaient d'être participant à l'émission. J'ai eu le plaisir de voir mon dessin me mériter une invitation à cette émission en décembre 1952.





Son Honneur le juge attribuait les points après chaque compétition; si les blancs gagnaient ils allaient placer un O sur le tableau tic-tac-toc. Quand les noirs (mon équipe) gagnait le jeu, nous allions alors placer un X.



Je suis le plus petit, au milieu de l'équipe des noirs. Le pupitre de l'arbitre "son honneur" est visible sur la gauche du plateau.

En arrivant au studio, j'ai été étonné de voir que les blancs avaient en fait un costume rose pâle et nous les noirs avions un costume vert foncé. J'étais le plus petit de l'équipe.


L'année suivante en 1953, papa a décidé de construire lui-même un téléviseur. Pour y arriver, il fallait un grand nombre de lampes; elles dégageaient beaucoup de chaleur. L'arrière du meuble construit par mon père était donc ouvert pour évacuer cette chaleur. J'étais fasciné par ce paysage étrange des lampes et condensateurs placés en derrière et sous le gros tube écran gris; cela évoquant pour moi un centre-ville étrange et futuriste.





Le téléviseur dans un meuble en coin avec deux haut-parleurs latéraux. Mon père a construit ce meuble pour qu'il puisse pivoter sur sa base et permettre d'accéder facilement à l'arrière au montage des lampes. Certaines devaient être remplacées régulièrement et c'est l'oncle Guy qui venait en renfort.

Quelques années plus tard, mon père m'a montré un petit objet à trois pattes; il s'était procuré un des premiers transistors disponible qu'il avait fait venir des USA. J'était très intrigué par ce type d'objet qu'il assemblait sur une plaque de bakelite en soudant les connexions par des petits fils de métal. Papa m'a expliqué que chacun de ces transistors remplaçait une lampe. Il m'a expliqué qu'un jour beaucoup d'appareils électroniques serait miniaturisés grâce à ce progrès technique.

Bien des années plus tard, je lui ai acheté comme cadeau d'anniversaire une des premières calculatrices électroniques de poche en lui rappelant la prédiction qu'il m'avait faite. Cette calculatrice n'avait qu'un affichage électro-luminescent (une rangée de dix chiffres rouges), donc pas encore un affichage à cristaux liquide, mais déjà elle intégraient une nouvelle avancée technologique: une micro-puce comportant un millier de transistors. Cinquante ans plus tard, les puces électroniques de la taille d'un ongle comptent maintenant plusieurs dizaines de milliards de transistors. Mon père aurait sans aucun doute été fasciné par l'arrivée des ordinateurs personnels et par la photographie numérique, s'il n'était pas est décédé subitement en 1975.


Présentation

Mon père Jacques Durand, n’était pas un homme de mots; il ne nous a pas laissé de journal personnel, ni d’écrits relatant des épisodes de...